Docteur en médecine et titulaire d’un MBA, Bruno Assouly dirige l’Institut d’Education Médicale et de Prévention qui a pour vocation de concevoir et mettre en œuvre des actions de prévention pour le compte d’acteurs publics ou privés (associations, entreprises, mutuelles, assurances, institutions de prévoyance…) sur les grands enjeux de santé publique. Cet Institut s’est spécialisé depuis de nombreuses années sur le sujet de la santé visuelle à travers deux campagnes d’envergure nationale, les Journées nationales de la macula et la campagne d’information sur le bon usage des écrans.
Il vient de lancer la première campagne nationale d’information et de dépistage de la myopie. Explications.
Les experts nous alertent depuis plusieurs années sur l’inquiétante progression de la myopie partout dans le monde. Ce trouble de la vision qui peut atteindre 95 % de la population dans certains pays d’Asie, n’épargne ni l’Europe, ni la France. Dans notre pays, selon une étude menée par le CHU de Poitiers en 2016, la myopie concernerait 37 % des adultes et 20,48 % des enfants de moins de 18 ans. Et combien demain ? Selon les experts, 50 % de l’humanité sera myope en 2050 si l’on ne fait rien pour ralentir cette épidémie silencieuse. Dans ce contexte, il nous semblait urgent de lancer une campagne de sensibilisation nationale pour alerter l’opinion sur ce trouble de la vision aussi répandu que méconnu et porter à la connaissance du plus grand nombre l’existence de moyens d’agir pour limiter l’ampleur de cette épidémie.
Cette campagne s’adresse d’abord à l’ensemble des Français, qui pour une majorité d’entre eux, méconnaissent la myopie et sont donc insuffisamment armés pour faire face à l’épidémie actuelle, comme le montre le Baromètre national de la myopie mis en place avec l’Institut Ipsos.
De façon plus spécifique, elle vise :
- les parents qui ont un rôle essentiel à jouer pour limiter les risques de myopie de leurs enfants, faire contrôler leur vision par un professionnel de santé et faire bénéficier leurs enfants myopes d’une correction adaptée, voire de solutions pour ralentir la progression de leur myopie ;
- les étudiants qui peuvent développer une myopie au moment de l’entrée dans les études supérieures (forte sollicitation de la vision de près) et ont pourtant tendance à négliger leur vision durant ces années clés ;
- les adultes opérés de la myopie ou les myopes forts (myopie au-delà de -6 dioptries) qui négligent parfois leur suivi ophtalmologique au risque de souffrir de complications importantes sur le plan visuel ;
- les professionnels de santé, au premier rang desquels les pédiatres et les ophtalmologistes, qui jouent un rôle majeur dans le dépistage de la myopie.
Ce baromètre confirme le très fort niveau de méconnaissance des Français sur toutes les dimensions de la myopie :
- la définition de la myopie : plus d’un Français sur deux ne sait pas que ce trouble affecte la vision de loin ;
- les signes d’alerte de la myopie : certains signes de suspicion comme « cligner excessivement des yeux », « écrire collé à sa feuille » ou « se rapprocher de la télévision pour mieux voir » sont peu connus des Français :
- les facteurs de risque : certains facteurs importants comme la faible exposition à la lumière du jour, le temps consacré à la lecture chaque jour ou le travail intensif notamment dans le cadre des études sont assez mal identifiés ;
- l’enjeu représenté par le dépistage précoce de la myopie : une majorité de Français ne sait pas que « plus la myopie démarre tôt, plus elle évolue vite » et 1 individu sur 3 n’a pas conscience que dépister la myopie au plus tôt permet d’éviter qu’elle n’évolue rapidement ;
- les conséquences de la myopie sur la santé visuelle : plus de 8 interviewés sur 10 n’imaginent pas que la myopie puisse entraîner des complications allant jusqu’à la cécité ;
- l’existence de moyens de freiner la myopie : 61 % des Français doutent que la myopie puisse être freinée voire considèrent, à tort, qu’il n’y a rien à faire pour y arriver.
Ce baromètre montre donc à quel point il est important de développer sans tarder des actions visant à combler ce déficit d’information.
Le mot d’ordre de notre campagne est « Agissons ensemble contre la myopie ». Car la myopie n’est pas une fatalité et nous pouvons tous agir pour ralentir la progression de l’épidémie actuelle.
- AGIR en s’informant sur ce trouble de la vision et notamment sur les signes d’alerte qui doivent amener à consulter sans attendre.
- AGIR en adoptant des mesures préventives simples pour préserver la vision de nos enfants (plus de temps dehors, moins de temps d’écrans) car si la myopie a un caractère héréditaire, ce sont les facteurs environnementaux qui jouent un rôle prépondérant dans l’épidémie actuelle.
- AGIR en dépistant la myopie au plus tôt : consulter au moindre signe évocateur de myopie, faire tester la vision de nos enfants aux moments clés de leur développement (entrée à la maternelle, entrée au CP, entrée au collège), voire plus tôt en cas d’antécédents familiaux de myopie (un ou deux parents myopes).
- AGIR en mettant en place des solutions permettant de freiner la progression de la myopie de nos enfants lorsque celle-ci est déjà installée (verres de freination, orthokératologie, lentilles souples de jour, collyre à base d’atropine diluée).
- AGIR en se faisant suivre régulièrement par un ophtalmologiste lorsque l’on souffre de myopie forte ou que l’on a subi une opération de chirurgie réfractive.
Cette campagne s’appuie sur différentes actions cette année, notamment :
- la mise en ligne d’une plate-forme Internet d’informationsdestinée au grand public mais aussi aux professionnels de santé (ophtalmologistes et pédiatres). Cette plate-forme propose notamment des conseils pratiques mais aussi des services comme un simulateur de vision myope ou un questionnaire permettant de définir le niveau de risque de myopie de ses enfants en fonction de leurs habitudes de vie ou de leurs antécédents familiaux de myopie ;
du 21 au 25 novembre 2022, l’organisation des Premières Journées nationales d’information et de dépistage de la myopie. Objectifs : combler le déficit d’information des Français sur ce trouble visuel et inciter les « patients à risque » (enfants, étudiants, adultes souffrant de forte myopie ou ayant été opérés de la myopie) à se rendre dans un centre de dépistage partenaire (ophtalmologiste et/ou pédiatre) pour bénéficier d’un examen de dépistage ou de suivi de la myopie.
Cette campagne n’aurait pas été possible sans le soutien financier des acteurs clés du secteur de la vision en France : fabricants de lentilles (Coopervision, Menicon, Mark’ennovy, Precilens), verrier (Essilor), réseaux d’optique (Acuitis), réseaux de distribution de solutions optiques en ligne (lentillesmoinscheres.com et Direct Optic).
Cette campagne bénéficie par ailleurs du soutien des organismes institutionnels qui comptent dans le secteur de la santé visuelle (SNOF, AFSOP, Fédération France macula, Association Cadet…) mais aussi de la pédiatrie (AFPA, SNPF).Enfin, nous avons eu la chance de fédérer les plus grands experts de la myopie en France, réunis dans un « Observatoire national de la myopie »si qu’une personnalité médiatique appréciée des Français, Marine Lorphelin, médecin et chroniqueuse santé concernée à titre personnel par la myopie, qui a accepté d’en être l’ambassadrice.